Opposition en perdition

À moins de huit mois de l’échéance présidentielle au Bénin, l’opposition peine à s’organiser. Entre querelles d’ego, absence de stratégie commune et discrédit croissant auprès de l’opinion, le camp opposé au pouvoir de Patrice Talon semble plus préoccupé par ses divisions internes que par la conquête du pouvoir. À l’approche de l’élection présidentielle prévue pour avril 2026, le paysage politique béninois se dessine avec clarté du côté du pouvoir, mais reste confus dans les rangs de l’opposition. Malgré les enjeux cruciaux de ce scrutin, l’opposition semble naviguer à vue, sans capitaine ni boussole. Entre ambitions personnelles et méfiance réciproque, les tentatives d’union sont vite avortées. Plusieurs figures, bien que crédibles individuellement, se neutralisent mutuellement dans une lutte sourde pour le leadership. Résultat : aucune coalition sérieuse n’émerge, et l’électorat assiste, impuissant, à une cacophonie politique sans projet commun. Le discours politique peine également à convaincre. Hormis quelques critiques de routine contre la gouvernance actuelle, les propositions concrètes se font rares. Ni vision, ni programme clair : l’opposition donne l’impression de se définir uniquement en négatif, par rejet du pouvoir en place, et non par une offre alternative structurée. Pendant ce temps, la majorité présidentielle, plus disciplinée, capitalise sur son avance stratégique. Sur le terrain, les soutiens au pouvoir multiplient les tournées, affinent leurs messages, et préparent la mobilisation électorale avec rigueur. La société civile, de son côté, observe avec inquiétude ce vide d’opposition. Dans un contexte où la démocratie béninoise gagnerait à voir émerger un véritable débat d’idées, la scène politique reste figée dans des postures stériles. À moins d’un sursaut collectif et rapide, l’opposition béninoise risque de rater, une fois encore, le rendez-vous décisif de l’alternance. Et avec elle, c’est une grande partie du jeu démocratique qui s’appauvrit.