Entre nature préservée, traditions vibrantes et potentiel agricole florissant, la commune de Bonou, dans le département de l’Ouémé, séduit par sa richesse culturelle, spirituelle et économique. Terre d’histoire et de diversité, elle reste pourtant méconnue du grand public. Zoom sur un territoire qui a tout pour devenir une référence du développement durable et touristique au Bénin. Bonou : entre silence historique et promesse d’avenir Le nom « Bonou » trouve ses racines dans une expression wémè : "Mi bo nû ba non fi", signifiant « Gardons le silence pour rester ici ». Une phrase murmurée par les Wémènous, premiers habitants de la région, qui fuyaient les persécutions. Avec le temps, cette injonction à la discrétion s’est transformée en un nom : Bonou. Située dans le département de l’Ouémé, limitrophe de plusieurs communes comme Zè, Adjohoun ou Sakété, Bonou s’étend sur 275 km² et abrite environ 60 000 habitants. Riche de son héritage multiethnique Fons, Mahis, Nagos, Holli, Yorubas cette commune reste un bastion culturel Wémè où le roi, les dignitaires vodoun, les artisans et les paysans coexistent dans un syncrétisme harmonieux. Un trésor spirituel et culturel À Bonou, la spiritualité se vit pleinement. Les couvents vodoun y sont nombreux, honorant des divinités comme Sègbolissa, Dan, Hêviosso, Sakpata, Odoudoua ou Minon Na Tôlègba. Le culte Fâ, les danses sacrées comme le Zangbéto, Egoun Goun, Guêlêdê ou le majestueux rythme royal Adjogan témoignent de l’ancrage profond de la culture traditionnelle. Le rythme Sato, interprété par les Zounkounnou à Gboa, est l’un des joyaux musicaux du patrimoine immatériel local, tout comme les plats typiques à base de patate douce, zankpiti ou akpada, véritable vitrine de la gastronomie locale. Un terrain d’écotourisme exceptionnel Les richesses naturelles de Bonou sont impressionnantes : La forêt classée de Bonou (197 ha) Les forêts sacrées de Gbèvozoun, Soligbozoun, Lokoguédji, Gnanhouizoun, toutes regorgeant d’espèces végétales et animales rares, dont le singe à ventre rouge, menacé d’extinction. Le jardin botanique de Titikpa, dans le village Dogba-Hê, couvre 12 ha et rassemble plus de 1 000 espèces de plantes. La plaine inondable de Houètagbodji, zone de reproduction halieutique et de culture intensive de patates douces.
Les visiteurs peuvent aussi découvrir des constructions sur pilotis traditionnelles (wojihos) ou se ressourcer à la source thermale d’Atchabita. Une terre d’histoire vivante Bonou fut un théâtre important de la deuxième guerre de résistance du roi Béhanzin (1892-1894). Les sites historiques comme : Le mirador du commandant Paul-Marius Faurax à Agbosso-Wovimè, Sa tombe à Yovodonou, Les navires français coulés à Affamè, L’ancien camp militaire de Sodonou, …conservent les traces visibles de cette période décisive pour le Dahomey. Un moteur économique diversifié Outre le tourisme et la culture, Bonou est un pôle agricole majeur. On y cultive : Patate douce, Maïs, manioc, arachide, Palmier à huile et cultures maraîchères. La transformation artisanale du manioc (en gari, tapioca) ou de la noix de palme (en huile de palme ou palmiste) est portée par les femmes. La pêche, notamment de la tanche, et l’exploitation du sable fluvial sont aussi des piliers économiques. Le commerce transfrontalier avec le Nigeria soutient la croissance locale. Une gouvernance tournée vers l’avenir Composée de cinq arrondissements (Affamè, Atchonsa, Bonou, Dandè-Wogon et Hounviguè) et de 34 villages, la commune est administrée par un conseil municipal de 13 membres sous la houlette du maire Thierry S. Tolègbè. Bonou se positionne désormais comme un modèle de développement local équilibré, alliant conservation du patrimoine, protection de la biodiversité, promotion culturelle et essor économique. Une commune à révéler Bonou, entre mémoire et modernité, mérite d’être connue et valorisée à l’échelle nationale et internationale. Son immense potentiel, souvent ignoré, attend d’être pleinement exploité. En attendant que Porto-Novo suive l’exemple, Bonou trace déjà la voie d’un développement enraciné dans ses traditions et tourné vers l’avenir.
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