La salle de conférences de la Fondation Alexis MILIDO a servi de cadre, ce samedi, à une rencontre intellectuelle riche en enseignements : une causerie-débat centrée sur le symbolisme des prénoms traditionnels. À l’initiative de Tchékpémi Jacques AHOUANSOU, journaliste et analyste de l’histoire et de la culture béninoise, cette activité a suscité un vif intérêt au sein d’un public hétéroclite composé de journalistes, enseignants-chercheurs, tradi-praticiens, étudiants et passionnés de patrimoine culturel.
Durant plusieurs heures, l’orateur a emmené son auditoire dans une plongée profonde au cœur de la sémantique des prénoms enracinés dans les traditions béninoises. Plus qu’une simple série de sons, le prénom traditionnel a été présenté comme le premier marqueur de l’identité, porteur d’héritage, de mémoire et de valeurs communautaires.
« Les prénoms traditionnels sont les premiers éléments de notre identité. Ils nous accompagnent tout au long de notre vie », a affirmé Tchékpémi Jacques AHOUANSOU.
Selon lui, ces prénoms, souvent choisis en fonction d’événements liés à la naissance, aux ancêtres ou à la cosmogonie locale, connectent l’individu à son histoire et à sa lignée. Ils véhiculent des symboles, expriment des espoirs, et participent à la construction de l’estime de soi. Dans une société en proie à l’occidentalisation des identités, l’abandon progressif de ces noms ancestraux est, selon l’analyste, une forme de perte culturelle silencieuse.
À travers des exemples concrets tels que Djiman ou Adjimon, signifiant "né un vendredi", le conférencier a mis en lumière l’intime relation entre le prénom et les réalités culturelles du terroir. Ces noms sont autant de signaux sociaux révélateurs de l’origine ethnique, de la classe sociale ou encore de l’histoire familiale. Ils influencent, positivement ou négativement, la perception que la société porte sur l’individu.
Le débat a également permis d’aborder les enjeux contemporains liés aux prénoms traditionnels, notamment leur rôle dans les processus de recrutement, les interactions sociales et les projections identitaires. Certaines études de cas évoquées ont mis en évidence que les prénoms peuvent impacter les opportunités sociales, suscitant parfois des préjugés ou des stéréotypes.
En conclusion, Tchékpémi Jacques AHOUANSOU a lancé un appel à la réappropriation consciente de ces éléments identitaires, trop souvent marginalisés au profit de prénoms exogènes. Il a plaidé pour un retour aux sources, en invitant les familles à revaloriser les noms traditionnels et à transmettre ce patrimoine immatériel aux générations futures.
« Les prénoms traditionnels sont un héritage, un socle sur lequel peut se construire la fierté d’être soi, enraciné dans une culture, dans une histoire. »
Une voix qui s’élève donc pour raviver les braises d’un héritage en voie d’oubli, et pour rappeler que dans chaque prénom, il y a une histoire à raconter, une identité à honorer.
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