Dans un essai percutant, le Père Éric Aguénounon interroge les tensions entre démocratie et bureaucratie à la lumière des réflexions croisées de Claude Lefort et Max Weber. Publié récemment, Démocratie et bureaucratie en procès s’impose comme une œuvre critique sur les dérives technocratiques des régimes modernes, tout en offrant une grille de lecture singulière des sociétés africaines postcoloniales.
Entre rigueur théorique et lucidité spirituelle, le Père Éric Aguénounon signe un essai d'une grande profondeur intellectuelle. Démocratie et bureaucratie en procès met en lumière une question centrale : comment la promesse démocratique peut-elle survivre à l’envahissement des logiques bureaucratiques ?
À la croisée des pensées de Claude Lefort, penseur du "lieu vide" du pouvoir dans la démocratie, et de Max Weber, théoricien de la rationalisation et de la bureaucratie moderne, l'auteur développe une réflexion critique et actuelle. Pour Aguénounon, la démocratie, loin d’être un acquis définitif, reste une conquête fragile, souvent menacée par une administration hypertrophiée et désincarnée.
Ce procès symbolique qu’il instruit entre démocratie et bureaucratie dépasse les seules considérations théoriques. Le Père Aguénounon y convoque aussi les réalités africaines, où les États postcoloniaux peinent à concilier participation citoyenne et gouvernance efficace. La bureaucratie, selon lui, y devient parfois un écran opaque, freinant l’idéal démocratique au nom d’une rationalité souvent déconnectée du réel.
Mais au-delà du constat, l’ouvrage est aussi un appel. Un appel à redonner du souffle à la démocratie, à réancrer l’État dans l’éthique du service public, et à faire en sorte que l’autorité ne se résume plus à la seule application froide des procédures.
Démocratie et bureaucratie en procès est donc bien plus qu’un essai. C’est une alerte, une boussole intellectuelle et spirituelle qui interroge notre rapport au pouvoir, à la légitimité, et au sens même de la gouvernance.
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